La misophonie a été introduite par Pawel Jastreboff pour désigner un trouble neuropsychologique dans lequel des expériences négatives (colère, fuite, haine) sont déclenchées par des sons spécifiques tels que la mastication ou le cliquetis d’un stylo, qui ne dérangent pas les autres personnes.
Les premiers rapports sur cette affection remontent aux années 90 du siècle dernier. Plus récemment, elle a progressivement été mise en lumière par les médias sociaux.
Cependant, il n’existe toujours pas de consensus sur les critères de diagnostic et les directives de traitement.
Afin de mieux comprendre les recherches menées jusqu’à présent sur la misophonie, notamment sa définition ou encore sa symptomatologie, nous passerons ici en revue toutes les informations sur le sujet !
Qu’est-ce que la misophonie ?
La misophonie est un terme profane qui a été introduit en 2001 par Pawel Jastreboff pour identifier un état physiopathologique caractérisé par une réponse exagérée et dysfonctionnelle à certains sons, comme la mastication ou le bruit des doigts sur un clavier.
Elle a également été appelée « syndrome de sensibilité sélective au son » et, plus récemment, « rage du son ».
La symptomatologie caractéristique implique une excitation autonome et des réactions émotionnelles négatives qui comprennent des coups et des cris contre la source du son.
Ces dernières peuvent provoquer une détresse supplémentaire : il n’est donc pas rare que les personnes atteintes de misophonie se retirent des situations sociales.
Pour certains, ce trouble peut interférer de manière significative avec leur vie personnelle car ils ne peuvent pas tolérer de nombreux sons qui peuvent être produits par les personnes qui leur sont les plus proches.
Elle n’est pas reconnue comme un trouble mental dans le DSM-5, et elle est actuellement classée comme un « autre trouble neuropsychiatrique spécifié » ou un « trouble neuropsychiatrique non spécifié ».
Cependant, certains auteurs ont suggéré de l’inclure comme nouveau diagnostic des troubles obsessionnels compulsifs et apparentés.
Comment savoir si je suis misophone ?
Pour répondre aux critères de diagnostic de la misophonie, certains symptômes doivent être présents. Ceux-ci sont principalement subjectifs et comprennent :
- La perception de sons qualifiés de « déclencheurs » lorsqu’ils sont produits par d’autres personnes dans l’environnement (par exemple, mastication, tapotement des doigts).
- Un sentiment d’inconfort qui augmente lorsqu’on est exposé à ces sons déclencheurs.
- L’aggravation de ce sentiment par une excitation autonome (par exemple, une augmentation du rythme cardiaque ou de la transpiration).
- L’anxiété, l’irritation ou la peur.
- Réactivité vis-à-vis de la source du son dans le but de la fuir ou de l’arrêter.
Quels sont les sons déclencheurs ?
Les sons déclencheurs sont définis comme des bruits produits par une autre personne dans l’environnement d’une personne, dont la production provoque de la haine ou une forte réaction émotionnelle.
Ces sons sont considérés comme une menace et non comme une simple source d’irritation. Selon ce principe, les bruits de mastication ou de tapotement seraient considérés comme des déclencheurs.
Cependant, certains patients peuvent également réagir avec colère ou anxiété aux personnes qui répètent « pss pss », au bruit des talons hauts sur le sol, à la respiration par la bouche ou aux sifflements.
Pourquoi je ne supporte pas les bruits de bouche ?
On ne sait toujours pas pourquoi le fait de mâcher, de bailler, de respirer ou de taper sur une table déclenche une réaction émotionnelle aussi forte.
On pense que ces sons sont « biologiquement puissants » car ils présentent des similitudes avec les bruits d’animaux associés à la menace.
Cependant, il a également été suggéré que le gating sensoriel pourrait jouer un rôle important dans ce trouble : en effet, certaines études suggèrent que les misophoniques ont une inhibition moindre lors du traitement des informations auditives.
Enfin, selon certains auteurs, les personnes atteintes de misophonie caractériseraient ces sons comme étant forts et intrusifs.
Qui soigne la misophonie ?
Les personnes atteintes doivent d’abord demander de l’aide à leur médecin généraliste qui les orientera vers un neurologue ou un psychiatre.
Il est essentiel d’expliquer les symptômes et de les analyser soigneusement dans le contexte d’une histoire familiale similaire à ceux décrits par le patient.
Cela implique généralement de procéder à une anamnèse clinique, d’exclure une cause émotionnelle et de réaliser des tests neuropsychologiques (comme le test de Stroop).
Il est important de déterminer si les symptômes ont été exacerbés par un événement stressant récent ou un trouble psychologique tel qu’un trouble obsessionnel compulsif, une anxiété ou une dépression.
En outre, il est utile d’évaluer la comorbidité : selon certains auteurs, les symptômes de la misophonie peuvent s’accompagner d’autres troubles tels que le syndrome de Gilles de la Tourette, le spectre de l’autisme, etc.
Enfin, certains auteurs ont indiqué que les symptômes peuvent être associés aux traits de personnalité que sont l’évitement du mal, la dépendance à la récompense ou la recherche de nouveauté.
Quelles sont les options thérapeutiques ?
Il n’existe actuellement aucun traitement spécifique de la misophonie. Cependant, les thérapies d’exposition (sous la supervision étroite d’un expert) peuvent aider à réduire les symptômes liés à l’anxiété et au stress.
Certains patients utilisent des bouchons d’oreille pour bloquer les sons déclencheurs pendant les séances de thérapie d’exposition. Certaines études montrent que la thérapie cognitivo-comportementale peut également aider certaines personnes en modifiant leur réaction émotionnelle au son.
Pour les cas plus graves, certains médecins prescrivent des inhibiteurs de la recapture de la sérotonine (ISRS), qui sont des antidépresseurs utilisés principalement pour les troubles obsessionnels compulsifs ou le syndrome de stress post-traumatique.
Un entraînement par neuro-feedback visant à contrôler les émotions suscitées par des sons spécifiques peut être utile. Cependant, en général, il n’y a pas de preuves pour ce type de traitement.
Pourquoi on est misophone ?
Nous ne savons toujours pas pourquoi certaines personnes réagissent si fortement à certains sons.
Il est possible que la misophonie soit une « surconnectivité » entre les systèmes auditif et limbique du cerveau, provoquant des réactions émotionnelles aux sons même lorsqu’ils ne sont pas dangereux ou menaçants !
Une autre explication possible est que les symptômes peuvent être associés à des traits de personnalité tels que l’évitement du mal, la dépendance à la récompense ou la recherche de la nouveauté.